J’ai voulu m’ancrer sur les photogrammes que j’avais produit et les réamorcer.
Créer une nouvelle version d’une recherche antérieure, avec un décalage temporel important. Empreint d’une perception, d’une expérience et d’une temporalité différente.
Je charge des filtres, d’une mémoire de gestes, de traces, puis je les infuse d’énergie solaire. Dessin de lumière et d’ombre, lumière filtrée, tamisée, voilée, reflétée.
La lumière du soleil dévoile des ombres et reflets totipotents.
Incarnation d’un monde en mutation. Les ombres et reflets convoquent l’apparence de l’eau, de la vapeur, de la fumée, des organismes, des végétaux, des minéraux…
Il n’y a pas de réalité, juste la présence des reflets mouvants, fugaces et fragiles.
Je ne travaille plus en intérieur mais en extérieur, lorsqu’il y a un fort soleil, en accord avec le cycle des saisons, au printemps et en été. J’élabore la composition presque en dansant, souvent en équilibre, une performance secrète effectuée en harmonie avec l'environnement.
D’artificielle, la lumière est devenue naturelle ; d’éphémère les photos sont devenues pérennes, en résistance à un monde qui s’efface.
Une même matrice, chargée d’empreintes est régénérée par la chaleur du feu pour abriter de nouvelles mémoires.
Un recyclage permanent pour faire face à la disparition, la désincarnation, la dématérialisation prégnante qui nous entoure.