top of page

Languages have unpredictable detours. That the so-called still life genre finds its Anglo-Saxon equivalent in the expression still life is an astonishing example. Unless one cultivates the extremes, the meaning closes itself into an implacable metaphor. 

Using the figure of the skull to account for it is not innocent of the vanity of the company, especially when we make it the motif of a perpetual movement which, from solid to liquid, admits the inevitable of a destiny. At the beginning, therefore, a skull, the forehead perfectly smooth, the eyes exorbitant, the nose pierced, the cheeks dug out, the teeth as redone to nine, the upper jaw slightly forward, almost active. Little by little the skull disintegrates and «little by little a face is drawn, lips that did not exist at the beginning are formed to express the rictus of death». The drip that Eve Koeppel makes him undergo is not here saving, it is deadly. «The skull dissolves disappears. By fading away, he takes on a more human appearance, closer to a face, with his sufferings and sorrows.»

Both in life and in death, everything is pain and man is irretrievably condemned. Lesson in humility. Lucidity. Reminder of the human condition. To the drip, ritual and regular, corresponds the haunting ritournelle of the loop of the video. Vanity takes shape here from this slow and implacable process of liquidation of the shape of the skull, from this death «liquidated in its symbolic sense to leave only a little matter», as Noted by Françoise Parfait. « Vanity of vanities: the fragility of the banners, the slogans and the objects of power is revealed. » The skull has a nice skull game; it is lost. Another one of those subtle language games.

Philippe Piguet 
(Art critic and independent curator)

 

 

Les langues ont des détours imprévisibles. Que le genre dit de la nature morte trouve son équivalent anglo-saxon dans l’expression still life en est un étonnant exemple. A moins qu’à cultiver les extrêmes, le sens ne se boucle lui-même en une implacable métaphore. User de la figure du crâne pour en rendre compte n’est pas innocent de la vanité de l’entreprise d’autant plus quand on en fait le motif d’un mouvement perpétuel qui, du solide au liquide, avoue l’inéluctable d’une destinée. Au début donc, un crâne, le front parfaitement lisse, les yeux exorbités, le nez troué, les joues creusées, la dentition comme refaite à neuf, la mâchoire supérieure légèrement en avant, quasi active. Peu à peu le crâne se désagrège et « peu à peu un visage se dessine, des lèvres qui n’existaient pas au départ se forment pour exprimer le rictus de la mort». Le goutte à goutte qu’Eve Koeppel lui fait subir n’est pas ici salvateur, il est mortifère. « Le crâne se dissout, poursuit l’artiste, disparaît. En s’effaçant, il prend une apparence plus humaine, plus proche d’un visage, avec ses souffrances et ses peines.»

Aussi bien, dans la vie comme dans la mort, tout est douleur et l’homme est irrémédiablement condamné. Leçon d’humilité. De lucidité. Rappel de l’humaine condition. Au goutte à goutte, rituel et régulier, correspond la ritournelle obsédante de la boucle de la vidéo. La vanité prend corps ici de ce lent et implacable processus de liquidation de la forme du crâne, de cette mort « liquidée dans son acception symbolique pour ne laisser qu’un peu de matière», comme l’a noté Françoise Parfait. « Vanité des vanités: la fragilité des étendards, des mots d’ordre et des objets du pouvoir se révèle.» Le crâne a beau jeu de crâner; il est perdu. Encore un de ces subtils jeux de langue.
Philippe Piguet

bottom of page